« Fascinée, dès mon plus jeune âge dans la marbrerie familiale, par les gestes techniques et sensuels des hommes domptant le matériau, j’ai ressenti comme une évidence le besoin de rester en contact avec la pierre et de questionner les formes et la représentation qui pouvaient en émaner.
Après m’être formée à la gravure sur pierre, la découverte de l’œuvre de Camille Claudel me bouleverse. C’est un choc esthétique fondamental doublé d’une révélation qui nourrit encore mon engagement associatif et politique actuel, celle du combat des femmes pour trouver une égalité dans la vie civile, professionnelle, artistique et politique.
Portée par la nécessité de créer et le désir de transmettre ma vision intérieure, c’est au contact des œuvres des artistes du début du XXème siècle, précurseurs de l’Abstraction que j’ai trouvé une liberté et une spontanéité formidables, et l’énergie pour développer mon propre vocabulaire formel.
Dans ma pratique artistique, j’interroge la taille du matériau à l’aide de différents outils et tente de traduire une émotion et une intensité par une courbe, un volume, une arête, un bloc à peine dégrossi ou un feuilletage de marbres. Le minéral, le travail des pleins et des vides, de la lumière et de l’espace sont d’une poésie infinie.
Je mène actuellement une réflexion en sculpture sur le corps féminin : le corps comme lieu d’intériorité et d’intimité, le corps créateur et spirituel, le corps sensuel et sexualisé, le corps politique sur lequel se nouent et se dénouent les combats pour l’égalité, le droit et le respect des femmes.
C’est dans cette méditation sur le corps, sa puissance onirique et les enjeux fondamentaux qu’il porte en lui que je cherche, à travers mon matériau, à exprimer le ressenti, l’émotion et l’exploration d’un monde en constante métamorphose. »